La publication sur internet
Par Hope Tiefenbrunner.
C’est en échangeant par mail avec ma co-auteur de blog l’autre jour que j’ai réalisé quelque chose de pourtant évident me direz-vous :
La différence presque fondamentale entre la publication d’histoires sur internet et en romans chez un éditeur. Je m’explique :
En tant qu’auteur de fanfictions depuis plus de 5 ans maintenant, j’ai pris l’habitude d’écrire avec en tête le fait que je vais publier sur internet et pour les fictions à chapitres qu’il va s’écouler une semaine à quinze jours entre deux chapitres. Sans dire que cela oriente ma façon d’écrire, puisque je poste toujours une fois l’histoire terminée, je sais toujours que les cliffhanger que je laisse seront super frustrants pour mes lecteurs – en tout cas, ceux qui suivent la publication au fur et à mesure – parce qu’ils devront attendre pour la suite et qu’il ne leur suffira pas de simplement tourner la page … et qu’ils le savent !
Et j’adore, non pardon (ça mérite des majuscules^^) J’ADORE recevoir des reviews frustrées me disant à quel point on me déteste de les laisser dans ce stress sans savoir ce qu’il va se passer. Oui, je suis une auteur un peu sadique….je suis sûre que nous le sommes tous. Bref, de temps en temps en cours d’écriture, j’ai la pensée de me dire : « ah, ils vont me haïr, là » et d’en avoir un grand sourire satisfait.
Plus généralement, même si sur un roman (ou nouvelle) publié on peut avoir le retour de lecteurs, dans les avis qu’ils peuvent laisser sur différents sites internet – et j’ai eu l’expérience d’en avoir des bons comme des déçus pour une nouvelle éditée suite à un AT– ce n’est quand même pas comme en avoir sur chaque chapitre avec leurs ressentis, leurs questions, leurs doutes, leurs déceptions, etc… De plus, j’ai l’impression – mais je me trompe peut-être – qu’il y a certaine familiarité qui ouvre la porte aux commentaires plus légers sur internet et qui ne vont parfois pas plus loin qu’un « je te déteste, à quand la suite » que j’aime personnellement (même si j’apprécie les choses plus construites aussi hein !)
Bref, pourquoi ai-je pensé à tout cela me direz-vous ? Tout simplement parce que je travaille actuellement sur une fiction originale à chapitres et j’avais bien sûr dans l’idée de la proposer à un éditeur. Et maintenant je réalise que si jamais elle trouvait preneur et bien, évidemment, je serais contente hein ! on va pas cracher dans la soupe. Mais d’un autre côté, je n’aurai pas ces commentaires dont je parlais plus haut, ceux qui vous font sourire, ceux qui vous font rire, ceux dont on se demande ce qu’ils veulent dire, ceux qui pointent la petite bêtise qu’on a laissé passer, etc…
(Bon, ça sous-entend que mes lecteurs de fanfic me suivent sur une publication d’originale, ce qui d’expérience, n’est pas évident, mais j’en ai toujours une petite base qui vient me lire quoi qu’il en soit.)
Et finalement, ne se prive-t-on pas de ce plaisir quand on publie un roman chez un éditeur plutôt que sur internet ? Alors je ne dis pas que je ne la proposerai pas à un éditeur. On retire une certaine satisfaction à se faire accepter un manuscrit. Mais si jamais l’histoire ne trouve pas preneur et bien, je n’aurais rien perdu, parce que la publication sur internet est une aventure qui vaut tout autant le détour. Et même si les lecteurs commentent de moins en moins (c’est un autre débat), ça n’empêche pas que cela reste une merveilleuse expérience.
Au final, pour les personnes dans mon cas et qui n’aspirent pas à vivre un jour de leurs écrits, l’existence de site de publications de fictions sur internet est un vrai bonheur et je suis vraiment ravie d’être tombée dedans un beau jour de 2008 !
Aaah, les commentaires empreints d’une rage plus ou moins bon enfant des lecteurs auxquels on assène notre meilleur cliffhanger… Comment s’en lasser ?! 😀
C’est vrai qu’il y a un monde de différence entre les retours qu’on obtient sur ces deux formules de publication. C’est l’une des raisons pour lesquelles, même si je veux à tout prix publier mes romans, j’ai bien l’intention de continuer à écrire des fanfictions en parallèle. Quand on a connu une telle proximité avec les lecteurs, difficile de s’en priver !
Oui, j’avoue que je ne pourrais plus m’en passer non plus. Et puis, soyons réaliste, on a un peu le beurre et l’argent du beurre, parce que même si nos ori ne sont pas édités, ils ne pourrissent pas sur notre PC. C’est rare quand même d’être gagnant sur tous les tableaux^^!
En fait, j’y pensais dernièrement et je me disais que mon « mode de publication rêvé », ça serait de faire les deux, en fait.
Publier en lecture libre sur le net, parce que l’échange est génial, parce que les lecteurs savent qu’ils sont devant une version modifiable et qu’ils disent « là, t’as fait une faute » ou « ça, je trouve que ce n’est pas terrible », etc., et qu’on peut continuer à travailler son texte en fonction de tout ça. Parce qu’on peut faire de la publication chapitre par chapitre, parce que c’est une expérience à vivre géniale, etc.
Et, en second lieu, hop, publication avec une maison d’édition ! Parce que travailler avec un directeur éditorial, c’est juste l’option rêvée pour un auteur, parce que c’est l’occasion de découvrir un autre lectorat et d’échanger différemment avec les lecteurs, parce que c’est une aventure à vivre géniale aussi et différente, etc.
En fait, quand on regarde nos vieux textes, on constate que tout ça se calme au bout d’un moment, de toute façon : quasi plus de commentaires et arrivée d’une conception, par les lecteurs, qu’il s’agit d’un vieux texte, donc pour lequel l’auteur n’a pas besoin de commentaires et sur lequel ça ne sert à rien de faire des critiques pointues parce que l’auteur ne le modifiera plus, maintenant.
Du coup, mon mode de parution rêvé, ça serait le deux, c’est clair. Mais bon. XD Quand je vois dans des appels à textes des mentions de « texte jamais publié auparavant, y compris dans votre blog » ou la rapidité avec laquelle une fiction peut être plagiée, ça me parait difficile de faire comme ça. Mais bon, ça me plairait ! 🙂
Je te dirais que je reçois quand même encore des comm’ sur mes vieux textes mais effectivement plutôt de l’ordre de j’aime bien que de la critique constructive.
Mais sinon, oui, je te rejoins pouvoir faire les deux seraient le top, mais complètement impossible, c’est clair!
C’est vrai que les commentaires sur les sites de publication ont un ton plus familier/amical que ce qu’on peut trouver sur des blogs : quand je lis les chroniques sur certains bouquins avant de me lancer dans un achat, j’ai l’impression de retrouver un peu la même chose partout. Ce qui me plaît sur les sites de publication, c’est l’effet de communauté : quand on a un lectorat acquis, il y a une certaine connivence qui s’installe. Le lecteur nous en veut, parfois, ou reconnaît des clins d’œil glissés dans le texte. Et, des fois, il y a un vrai dialogue qui s’installe et, en cela, c’est enrichissant.
Par contre, j’ai deux textes écrits pour des AT qui ont été refusés et que je n’ai pas encore postés. Pourquoi ? Parce que je les ai écrits en respectant les consignes et, pour au moins l’un des deux, je pense que le format ne convient pas : j’ai fait des choix de scénario pour m’adapter au format et, finalement, je pense que je vais le retravailler avant de le publier sur le net, histoire qu’il ressemble davantage à ce que j’avais en tête au départ mais qui aurait été trop long à traiter dans une nouvelle.
Oui, j’aime d’une review à une autre, il y a un vrai dialogue qui peut se mettre en place et j’avoue que j’adore vraiment ça. Et puis, je n’oublie pas que c’est par review interposées que j’ai sympathisé avec d’autres auteurs, jusqu’à les rencontrer IRL et à devenir amies (Kumfu en est le meilleur exemple!)
Et, pour tes AT, oui, c’est clair que ça peut être frustrant de devoir se conformer à un cadre vraiment stricte et ne pas pouvoir exploiter à fond son idée. J’avais un peu eu ça avec une de mes fanfic (les crocs de la bête), l’idée aurait nécessité de faire une fic à chapitres, mais comme on avait mis dans les règles du défi avec Kumfu et Hagane de faire un OS, je m’y suis conformée et d’ailleurs, je trouve que ça se sent dans le texte. D’ailleurs, je me souviens d’au moins une lectrice qui me l’avait faire remarqué, qu’on sentait que je m’étais freinée dessus.